Article Hors-Série – Cas de figure classique, on achète une maison de plus de 30 ou 40 ans (voire plus), on change directement les châssis ! C’est à la mode, c’est pour consommer moins etc, etc … Fort bien me direz-vous, mais avez-vous pensé un peu plus loin ? Une « ancienne » maison n’a pas été conçue pour ces nouveaux châssis presque hermétiques. Le confort et les économies ont beau arriver directement après leur placement, deux ennemis guettent : l’humidité et l’air vicié.
En effet, on vous conseille de ne pas placer d’invisivents (illustration), ou aérations de châssis, car cela ferait une rupture du pont thermique (c’est beau hein ?) sur des maisons anciennes, que cela n’est conseillé ou obligatoire que dans des maisons neuves et certainement si elles sont passives … Oui mais, l’aération manque bel et bien. En tout cas si vos murs sont bien conçus. Rien de bien terrible dans la majorité des cas, au pire un peu trop d’humidité à l’hygromètre, bref pas de quoi fouetter un chat.
Cela peut s’avérer être un fort mauvais calcul. Sous-estimer ces problèmes sous-jacents peut être dramatique pour la qualité de l’air et l’état des tapisseries ou du papier peint dans un premier temps, mais cela peut affecter également les murs en eux-mêmes.
Si vous en avez la possibilité, vous pouvez mettre vos nouveaux châssis en position de ventilation minimum, soit entre 1 et 6 mm d’ouverture permanente afin d’assurer un minimum de renouvellement d’air. Mieux, et franchement plus que conseillé dans les salles d’eaux et la cuisine, des aérations directement prévues dans les châssis ou les vitrages.
Bon, c’est un bon début, mais ce n’est pas toujours suffisant. Petit exemple pratique, j’ai une maison des années ’60 avec de tout nouveaux châssis qui ne laissent plus rien rentrer comme air sans ventilation. En Belgique, on considère qu’il ne faut pas plus de 70% d’hygrométrie dans une habitation. Or, j’étais régulièrement à 60-65% … Pas encore grave, mais pouvais mieux faire. J’ai donc positionné tous mes châssis en position d’aération 1 à 6 mm. Verdict après 24 heures … 52% !!! Impressionnant, cela ne refroidit pas la maison et c’est très efficace !
Arrive ensuite la réelle question du renouvellement de l’air vicié qui, il est vrai, se fait quand même mieux dans une maison rénovée si on a pensé à mettre … une VMC ! Le mot est lancé. La VMC, ou ventilation mécanique contrôlée, est un dispositif qui consiste en l’extraction permanente de l’air vicié de l’intérieur en aspirant de l’air provenant de l’extérieur. Le renouvellement de l’air et le contrôle de l’humidité dans l’air est donc optimal … Optimal oui, mais franchement pas bon marché, et pas toujours facilement réalisable ! Et là est tout le problème !
Là, j’ai eu une grande idée 🙂 Je me suis dit qu’une hotte de cuisine était le même principe qu’une VMC simple flux. L’intérêt est donc de faire tourner sa hotte de cuisine, toutes portes intérieures ouvertes, une ou deux fois 1h/jour. L’idéal étant d’ouvrir en oscillant-battant une fenêtre de l’étage du haut afin que la hotte aspire l’air vicié de la maison de haut en bas, alors que l’air frais entrera à partir du haut avant de se propager dans toute la maison. On peut pousser plus loin en ouvrant tour à tour durant 10 minutes chaque fenêtre du haut par exemple. Faites le test chez vous, n’ouvrez qu’une seule fenêtre en oscillant-battant, mettez-vous près de cette fenêtre et demandez à votre moitié d’activer la hotte de la cuisine, en quelques secondes, un fort courant d’air va se former ! Preuve que cela marche à merveille ! Attention, cela ne remplace pas une ventilation ou extraction d’une salle de bains qui est par définition extrêmement humide.
Au niveau des chiffres, prenons par exemple une maison de 120 m², soit environ 300 m³ d’air à renouveler. Une hotte prévue pour une cuisine de 15m² étant d’un débit conseillé de 450 à 600 m³ de renouvellement d’air par heure, on arrive donc à une renouvellement d’air complet de la totalité de la maison en 30 minutes ! Attention de laisser minimum une fenêtre ouverte ou oscillant-battante !
Au niveau de la consommation électrique, on tourne aux environs de 200 Watts/heure pour 500 m³/heure. Un renouvellement complet de l’air vous coûtera donc +/- 0,02 euro (ou 2 eurocents) en 30 minutes. Le renouvellement de l’air une à deux fois par jour (en plus de l’aération naturelle) est donc plus que suffisant et ne coûte de 2 à 4 eurocents par jour, soit un budget annuel de 6 à 12 euro par an, sans aucun investissement de départ !
A contrario, la VMC vous coûtera en installation entre 3.000 et 9.000 euro de coût d’installation pour une consommation de +/- 30 watts/heure en permanence pour un débit de 75m³/heure.
Pour renouveler la même quantité d’air (1800 m³, ce qui est plus que du luxe dans une maison traditionnelle de 120 m²), on est donc à 45 euro par an avec une VMC contre 43 euro avec une hotte tout aussi efficace ! La différence étant que l’investissement de départ est nul !
Alors, si vous êtes dans ce cas, et malgré tout ce qu’on peut vous faire croire, pensez au moins sérieusement à cette solution 😉
P.S. J’ai réalisé un petit fichier Excel qui vous permet de calculer le coût de votre énergie annuelle par appareil en rentrant la consommation en Watts et le nombre d’heures d’utilisation ici.
Article de Frédéric Nuyts – Tous droits réservés
EDIT : 26/11/2015
Entretemps, si vous désirez tout de même avoir un système intermédiaire, j’ai testé une ventilation permanente. Dans ma salle de bains, j’ai placé un extracteur/aérateur permanent de type Soler & Palau Ecoair Design EcoWatt H, il fonctionne 24h/24 à un débit de 22 m³/heure (c’est réglable) et se met en mode boost à 65 m³/heure dès qu’il détecte une hausse de l’hygrométrie. Cet appareil coûte moins de 200 euro et est prévu pour fonctionner en permancence. Bref, une VMC simple flux à tout petit prix et installable par tous ! Vous trouverez la fiche d’information de ce magnifique produit ici, le mode d’emploi ici et la fiche technique ici. (Disponible notamment sur Amazon).
Descriptif : Ventilateurs centrifuges conçus pour fonctionner en petite vitesse, en continu et débit constant, avec la possibilité de passer en grande vitesse par l’intermédiaire d’un interrupteur extérieur (modèle S, T) ou avec l’hygrostat intégré à l’appareil (modèle H, M). Ils sont équipés d’un moteur à courant continu (DC) haute performance, de très faible consommation électrique et monté avec plots antivibratiles. Ils sont conçus pour être raccordés à des conduits de diamètre 100 mm et peuvent être installés soit au mur soit au plafond.
Votre article « hotte de cuisine vs VMC » m’a réellement bien plu. Je suis cuisiniste, mon épouse architecte et, quand nous entendons les ENORMITES concernant la ventilation des maisons (neuves ou en rénovation), c’est à croire que, plus c’est gros, plus c’est facile à avaler…et à payer. Félicitations pour votre article, AVEC VOTRE PERMISSION j’en ferai part à mes clients.
Cher Monsieur,
C’est avec plaisir que je vous en donne l’autorisation 🙂
Cordialement,
Frédéric Nuyts
Grand merci !
Et bien à la lecture de cet article d’un problème que je ne connais que trop bien, je réponds merci pour cette étude claire et bien conçue. Bon article !
Bonjour,
Je suppose qu’il doit s’agir donc d’une hotte avec evacuation extérieure ?
Merci,
Bien entendu.